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Dimanche 11 Mai 2025 - 4° Dimanche de Pâques année C - Homélie sur Jean 10 , 27-30 le Bon Pasteur


« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ».

Jésus parle des brebis, c’est-à-dire des croyants qui le suivent. Mais en traçant le portrait des brebis, il trace par la même occasion le portrait du pasteur, du bon pasteur.

Parce que, comme dans beaucoup de domaines il existe l’article authentique et la contrefaçon, il existe aussi le bon pasteur et le mauvais pasteur. C’est le bon pasteur que Jésus décrit, aujourd’hui. Et c’est en réalité un portrait de lui-même qu’il trace ainsi, un portrait de lui-même qui est le Bon Pasteur par excellence, modèle de tous les autres. Ce qui fait que chacun de nous, qu’on soit brebis ou pasteur, chacun doit se sentir concerné, et chacun en prend un peu pour son grade ! Et c’est tant mieux, parce que pour chacun, qu’on soit brebis ou pasteur, ce portrait des bonnes brebis et du bon pasteur est d’abord un enseignement et un encouragement.


Jésus indique trois choses : « Mes brebis écoutent ma voix … et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ».


« Mes brebis écoutent ma voix ».

La première caractéristique du Bon Pasteur qu’est le Christ, c’est que sa voix se fait entendre. Et si elle se fait entendre, c’est pour nous faire connaître quelque chose. Nous faire connaître quoi ? La grande chose qu’il importe avant tout de connaître, c’est-à-dire Dieu lui-même, et le chemin pour parvenir jusqu’à lui. « Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître », écrit saint Jean (Jean 1, 18). Et Jésus, dans le Cantique des Cantiques, nous dit : « Si tu ne le connais pas … va dehors sur les traces du troupeau » (Cantique 1, 8). La première caractéristique des pasteurs, associés et subordonnés au seul Bon Pasteur, c’est donc que leur voix doit se faire entendre, et surtout que dans leur voix doit se faire entendre celle du Seigneur lui-même, pour annoncer ce que le Seigneur lui-même désire annoncer. Et s’il arrive par malheur que des pasteurs parlent davantage d’eux-mêmes que du Christ, davantage du journal télévisé que de la sainteté, davantage du réchauffement climatique ou de l’écologie que de la Croix du Christ … alors il n’y a pas vraiment d’intérêt à continuer à les suivre !

La première caractéristique de la bonne brebis en découle : la bonne brebis « écoute la voix » du Seigneur et elle croit ses paroles divines. Dans ce que Dieu révèle, elle ne choisit pas d’entendre seulement ce qui l’arrange et de laisser tomber le reste, mais elle écoute tout, elle accepte tout. Et si ce que Dieu révèle lui semble inintelligible, elle sait qu’il y a quelque chose qu’elle n’a pas compris, et elle se forme pour mieux comprendre.


Quelle est la seconde caractéristique du Bon Pasteur ? « Mes brebis écoutent ma voix … et elles me suivent ».

Jésus ne fait pas seulement entendre sa voix pour nous faire connaître quelque chose, il le fait aussi pour nous faire agir. Le Bon Pasteur révèle ; mais en plus de cela, il oriente, il guide, il gouverne. Il gouverne d’abord par des commandements : en prescrivant ce qui est à faire et à ne pas faire pour entrer dans la vie éternelle. Il gouverne ensuite par des conseils : en invitant à une radicalité plus grande pour atteindre plus vite la perfection de l’amour et entrer plus promptement dans le Royaume des Cieux. Le gouvernement du Bon Pasteur fait sortir du péché et entrer dans la vie, et ses prescriptions libèrent, car « Quiconque commet le péché est esclave du péché », dit Jésus (Jean 8, 34). Pour être conformes au Bon Pasteur, les pasteurs fidèles doivent donc se faire l’écho de la voix du Christ qui gouverne son peuple bien-aimé.

Malheur au pasteur qui gouverne pour lui-même, et ne cherche pas les intérêts de Dieu : il dévore les brebis plus qu’il ne les guide, il prend leur vie au lieu de donner la sienne pour elles, il est un despote plutôt qu’un pasteur. Mais malheur aussi au pasteur qui ne gouverne pas, le pasteur qui ne dit jamais il faut, le pasteur qui ne sait pas dire non : celui-là ne dévore pas les brebis, mais il les délaisse, et c’est un autre qui viendra pour les dévorer.

Qu’en est-il des brebis ? « Elles me suivent ». Elles obéissent amoureusement à la voix du Seigneur, relayée par ses fidèles pasteurs. Dans ce que Dieu leur demande, elles ne choisissent pas de faire seulement ce qui les arrange, mais elles s’efforcent de tout accomplir. Et si les demandes de Dieu leur semblent impraticables, elles se réfugient dans la prière, fixant leur cœur sur Dieu et l’amour qu’il nous porte, sachant que sa puissance peut faire infiniment plus qu’elles ne peuvent concevoir, et elles prennent conseil pour faire au mieux.


Et nous en venons à la troisième caractéristique du Bon Pasteur. « Je leur donne la vie éternelle ».

« Moi, je suis venu, dit Jésus, pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance » (Jean 10, 10). Cette vie, nous l’aurons en plénitude dans la gloire, au Ciel, si nous persévérons jusqu’à la fin. Mais dès maintenant nous l’avons par la grâce. Et cette grâce nous est donnée par le Christ, agissant par ses pasteurs, agissant eux-mêmes par les sacrements qui contiennent la grâce et nous la confèrent. C’est cela la troisième chose que doivent faire les pasteurs, pour être conformes au Bon Pasteur.

Il peut arriver, malheureusement, que des pasteurs soient tièdes dans leur dévotion à la célébration des sacrements. Les brebis peuvent jouer un rôle important pour les aider à se replonger pleinement dans le mystère du Christ qui nous sanctifie ici et maintenant. Elles peuvent par exemple inviter leurs pasteurs à fréquenter davantage le confessionnal ! Elles peuvent être plus fidèles à la messe, et inviter leurs proches à y venir … bien sûr le dimanche, mais pourquoi pas plus souvent encore ? Si le zèle du pasteur stimule les brebis, la ferveur des brebis édifie le pasteur. Et c’est là la troisième caractéristique des bonnes brebis : les pasteurs leur offrent la vie éternelle dans les sacrements ; les brebis en ont soif, et elles viennent s’abreuver à cette source de vie


Voilà donc les trois œuvres que doivent accomplir les pasteurs de l’Eglise : enseigner, guider, sanctifier.

Mais pour être de bons pasteurs, ils doivent d’abord être de bonnes brebis. Ce n’est pas un hasard si Jésus parle tellement des bonnes brebis quand il parle des bons pasteurs. Ce n’est pas non plus un hasard si, pour être Pasteur, il a commencé par se faire Agneau. Et avant d’établir Pierre chef de ses pasteurs, il commence par vérifier sa qualité de brebis en lui demandant par trois fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » (Jean, 21, 17).

Ecoutons donc tous la voix du Bon Pasteur. Obéissons tous à ses commandements doux mais exigeants. Et abreuvons-nous donc tous aux saintes sources des sacrements.

Et pour que le Christ mort et ressuscité puisse continuer à agir visiblement dans notre monde pour nous conduire à la vie, prions pour qu’il suscite dans son Eglise de saintes brebis. Et en ce dimanche où nous prions pour les vocations, prions pour qu’il appelle de nombreuses brebis à devenir à leur tour de saints pasteurs. Remercions Dieu pour le pasteur qu’il vient de donner à son Eglise, et prions-le pour que le Saint Père Léon XIV soit un vrai pasteur selon son cœur, fidèle à enseigner, gouverner et sanctifier le troupeau du Christ. Amen.

 
 
 

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