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Dimanche 20 avril 2025- Solennité de Pâques, messe du jour - Homélie sur Jean 20, 1-9

Un tombeau ouvert et vide, à quoi est-ce que cela sert ? Un tombeau, c’est fait pour être occupé par un mort et bien refermé sur lui. Un tombeau vide, et qui plus est vidé, et ouvert, c’est un non-sens ! Quand Marie-Madeleine voit le tombeau de Jésus ouvert et vide, elle est bouleversée et sa réaction est tout à fait logique : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau ». Aussi, un peu plus tard, lorsqu’elle rencontre Jésus ressuscité qu’elle prend pour le jardinier, elle lui demande de lui rendre le corps pour le remettre dans le tombeau (Jean 20, 15).

Un tombeau c’est fait pour être rempli et fermé. Vendredi soir, on avait bien pris soin de placer Jésus dans un tombeau et de le refermer avec une pierre, en pensant ainsi mettre un point final à l’histoire de Jésus. Or depuis ce matin de Pâques, le tombeau qu’occupait Jésus est vide et ouvert. C’est un témoignage rendu à la Résurrection de Jésus

Depuis deux mille ans que le constat du tombeau vide a été établi, les hommes se divisent : pour les uns, Jésus est mort mais on ne sait pas où on l’a mis ; pour les autres, il est sorti de la tombe parce qu’il est vivant.

La première hypothèse serait crédible si on avait pu trouver quelque part des traces de ce fameux cadavre. Elle serait crédible si le tombeau n’avait pas été gardé par les ennemis de Jésus, et si nous ne savions pas ce que rapporte saint Matthieu : que les grands prêtres « donnèrent aux soldats une forte somme en disant : Voici ce que vous direz : Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions » (Matthieu 28, 12-13).

Reste alors la deuxième hypothèse : Jésus est vivant. Mais cela c’est fou ! Oui, c’est évangéliquement fou c’est-à-dire que cela repose sur un acte de foi. Un mort, un vrai mort est donc revenu à la vie. Aujourd’hui encore il est vivant, aussi vivant qu’il était il y a vingt siècles, aussi vivant qu’il le demeure dans les siècles des siècles.


Que Jésus soit vivant, c’est la ligne de fracture entre les chrétiens et le monde incroyant, et cela dérange beaucoup de gens.

Reprenons l’affaire à ses débuts. Vendredi, veille du sabbat, Pilate avait une telle hâte de clore le dossier Jésus qu’il a donné à Joseph d’Arimathie toutes les permissions nécessaires pour procéder au plus tôt à l’enterrement du Crucifié. Aussi Jésus a reçu une sépulture de grand standing avec tombeau neuf et jardin privatif. Mais qu’on ne s’y trompe pas : de tels honneurs funéraires ne lui ont été concédés que parce qu’il est mort et pour qu’il le reste. Qu’il ne revienne pas déranger les hommes avec son enseignement subversif ! C’est le souci de Pilate et des chefs des Juifs, qui ne désiraient pas du tout l’honorer mais seulement s’en débarrasser. Pour la police juive et l’armée romaine, tout se termine donc bien : après une mort indigne, Jésus hérite d’une tombe parfaitement digne ; que ses proches disent donc merci et qu’il y reste.

Seulement voilà : au matin de Pâques, Marie-Madeleine la première, mais aussi les soldats du poste de garde, et puis Pierre et l’autre disciple et encore les chefs du peuple, constatent que le tombeau est vide. Et depuis vingt siècles on se trouve face à ce constat : le cadavre de Jésus n’est plus là où on l’avait déposé. C’est troublant, cette anomalie du tombeau vide ! Pour ceux qui ont la foi, il est le signe de la Résurrection, mais pour les autres, il faut qu’il soit de nouveau occupé, d’une manière ou d’une autre. Comme on n’a jamais pu retrouver le corps de Jésus nulle part ailleurs, comme on n’arrive plus à mettre la main sur Jésus pour le faire rentrer dans son tombeau, on va remplir le tombeau avec ses Apôtres, avec ses disciples, avec les chrétiens, on va s’acharner contre ceux qui ont pris la relève de Jésus et qui ont annoncé sa Résurrection. L’Eglise, qui continue d’assurer au milieu des hommes la présence de Jésus, assume en quelque sorte un rôle de substitution : si on ne peut pas remettre Jésus dans le tombeau, on va y mettre son Eglise.

Le message de Jésus, qui était subversif à son époque, reste subversif à toutes les époques car il remet en cause les valeurs du monde : la soif d’argent et de puissance, l’orgueil, l’égoïsme, la violence, etc. sur lesquels sont fondées la plupart des sociétés. Et donc le fait que Jésus soit vivant a dérangé, à toutes les époques, des tyrans de tout poil, qui ont voulu en quelque sorte remettre Jésus dans son tombeau en persécutant son Corps qui est l’Eglise. Depuis Néron jusqu’au dictateurs de notre siècle, ils veulent faire disparaître l’Eglise et les chrétiens dans un tombeau et bien rouler la pierre par-dessus. En faisant taire l’Eglise et les chrétiens, en les faisant disparaître, on veut faire disparaître ce signe du tombeau vide.


Que Jésus soit vivant, cela dérange aussi, évidemment, bien des gens dans notre société. Vous avez certainement eu l’occasion de voir des numéros spéciaux de magazines consacrés à Jésus et au christianisme, des dossiers établis par des pseudo-spécialistes, qui ont finalement pour but de prouver que le cadavre de Jésus ne bouge plus, de neutraliser la Résurrection.

De leur part aussi, l’acharnement contre la personne de Jésus-Christ s’accompagne naturellement d’un acharnement contre le Christ total, c’est-à-dire contre le Christ uni à son Eglise, uni à chacun d’entre nous, les membres de son Eglise. Les médias ne se privent pas d’annoncer régulièrement la fin de l’Eglise, la mort de l’Eglise. On aimerait la voir embaumée dans son cercueil, bien sage au fond de sa boîte ; c’est là qu’elle ne dérangera plus personne. Quand elle sera étiquetée dans les musées, entre la salle des squelettes de dinosaures et celle des momies égyptiennes, elle sera une source inépuisable de reportages pour Arte ! Le problème c’est que le Christ total ne se laisse pas faire davantage que Jésus-Christ. L’Eglise ne peut pas rester à l’état de cadavre dans la boîte en sapin où on lui demande de se tenir, elle ne peut pas y rester parce qu’elle est vivante, elle vit de la vie même de Jésus ressuscité !

Nous avons connu il y a quelques années une campagne médiatique violente déclenchée par les abus sexuels dans l’Eglise, nous avons connu l’interdiction des messes pendant le confinement, nous connaissons la manière dont on invoque la laïcité pour museler les chrétiens : tout cela c’est pour demander à l’Eglise de mourir, de rentrer dans son tombeau et d’y rester. Mais cela, elle ne le peut pas. Animée par l’Esprit Saint, ressuscitée avec Jésus au matin de Pâques, l’Eglise ne peut pas mourir. En donnant sa vie, Jésus lui a donné la vie. Quoi que fassent les médias ou les dictateurs, la foi est à l’œuvre, l’espérance s’approfondit et la charité grandit dans l’Eglise. Et ce qui témoigne le mieux de la vie de l’Eglise, ce sont tous les saints, connus ou inconnus, qui en sont les membres … et c’est nous-mêmes aussi, dans la mesure où nous nous attachons à Jésus de tout notre cœur. Notre fidélité à Jésus maintient le tombeau ouvert … tandis que, malheureusement, nos péchés contribueraient à le refermer …


Le tombeau de Jésus est vide, c’est un fait objectif ; Jésus est vivant, c’est notre foi. Le tombeau est vide, mais il est aussi ouvert. Jésus a quitté le tombeau pour entrer dans la vie de gloire, mais Jésus n’a pas fait que cela : il a ouvert la porte. Il a ouvert la porte de son tombeau : pour bien montrer qu’il est vide, et pour montrer aussi que désormais la porte de la mort n’est plus fermée. Il change la mort par sa victoire : la mort devient un passage, un passage vers une vie éternelle, une vie avec Dieu.

Saint Jean précise que le tombeau de Jésus était dans un jardin, ce qui évoque pour nous un autre jardin, celui de la Genèse, qui était un lieu de vie avec Dieu. Lorsque Dieu crée Adam et Eve, il les place dans un jardin en Eden, un lieu où l’homme vit en harmonie avec Dieu. Nous savons que par son péché et sa désobéissance, l’homme a rompu cette harmonie et s’est vu chassé de ce jardin, perdant sa relation privilégiée avec Dieu. Mais aujourd’hui, dans un jardin, par sa Résurrection, Jésus brise le pouvoir de la mort et nous ouvre la porte du paradis. Le tombeau est ouvert et il ne se refermera pas. Ceux qui sont associés à Jésus dans le baptême sont aussi appelés à passer cette porte de la vie éternelle, de la vie retrouvée avec Dieu. La mort n’est plus la fin de la vie, elle n’est plus un terminus mais un passage.


Ce jour de Pâques nous replace devant le tombeau ouvert et vide, nous replace devant ce qui fait le cœur de notre foi de chrétiens et de notre joie de chrétiens : Jésus est ressuscité, et avec lui nous passerons de la mort à la vie !

Bonne et sainte fête de Pâques à vous tous, frères et sœurs !

 
 
 

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