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Jeudi saint 17 avril 2025 Jean 13, 1-15 : le lavement des pieds

« Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? », demande Jésus aux Apôtres. Et nous, comprenons-nous ce geste du lavement des pieds ? Peut-être un petit peu, mais un petit peu seulement …

Avant tous les repas, les Juifs pratiquaient des rites de purification, ils devaient se laver les mains ; avant le repas pascal, les rites étaient certainement encore plus exigeants, et on peut penser que les Apôtres, même si l’Evangile nous apprend qu’ils ne se lavaient pas toujours les mains (cf. Matthieu 15, 20), s’étaient certainement déjà purifiés avant le début du repas. Et en outre le lavement des pieds que pratique Jésus n’a pas lieu avant le repas mais « au cours du repas ». Ce lavement des pieds n’a donc rien à voir avec un rite de purification, il s’agit de tout autre chose : c’est un geste symbolique, qui a une signification profonde.

Les Evangiles synoptiques nous rapportent, au cours de la dernière Cène, l’institution de l’Eucharistie et du sacerdoce : « Faites cela en mémoire de moi » (Luc 22, 19 ; 1 Corinthiens 11, 23), mais ne rapportent pas le lavement des pieds. Saint Jean, qui ne rapporte pas l’Eucharistie, rapporte le lavement des pieds avec la même consigne de Jésus : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Il y a donc un lien très fort entre l’Eucharistie, le sacerdoce et le lavement des pieds, mais Jésus ne l’explicite pas, et saint Jean non plus.


« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi », dit Jésus. Quelle est cette part que saint Pierre devrait avoir avec Jésus ? Est-ce qu’elle concerne seulement Pierre en tant que chef des Apôtres, ou bien tous les Apôtres présents à la Cène, ou bien tous les disciples, tous les chrétiens ?

« Afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous », dit Jésus. Là encore, est-ce que cela s’adresse à tous les chrétiens, comme l’Eucharistie que Jésus va instituer est destinée à tous, ou bien est-ce que cela ne concerne que les Apôtres, comme le sacrement de l’ordre qu’il va instituer n’est destiné qu’aux Apôtres (et à leurs successeurs) ?


Le lavement des pieds va être suivi immédiatement de l’institution de l’Eucharistie et du sacerdoce, il est donc destiné à éclairer le sens de ces deux sacrements. Le lavement des pieds concerne donc en un sens tous les chrétiens, qui sont tous appelés à s’approcher de l’Eucharistie, et en un autre sens ceux des chrétiens que le Seigneur appelle à recevoir le sacerdoce.


Pour tous les chrétiens, c’est un appel de Jésus à nous aimer entre nous comme il nous a aimés, et à nous mettre au service les uns des autres, sans restriction de personnes, sans recul devant les imperfections du prochain. Jésus lave les pieds des Douze, alors qu’il sait que Judas l’a déjà trahi, que Pierre va le renier, que les autres vont l’abandonner : Jésus va les rechercher, comme il vient nous rechercher nous aussi, jusqu’à la profondeur où se trouve leur péché. C’est cela que Jésus nous donne à imiter : pour nous laver les pieds les uns les autres, il n’est pas question de sympathie ou d’antipathie qui relèvent du registre de l’affectif et du sentimental, mais de charité, qui relève d’un don de l’Esprit Saint. Jésus ne nous demande pas d’imiter le geste précis du lavement des pieds, mais d’avoir dans le cœur la même attitude intérieure que lui, cette disposition de charité envers les autres, disposition qui est tellement importante que Jésus en fait un préalable à la réception de l’Eucharistie.

« Afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Il ne s’agit pas seulement de laver les pieds des autres, mais de nous laisser laver nous aussi, nous laisser laver par les autres, et, comme les Apôtres, nous laisser laver par Jésus, parce que c’est Jésus qui peut nous laver en vérité, c’est-à-dire nous purifier, nous sanctifier.


Pour les Apôtres, et pour les prêtres qui leur succèderont, ce geste a une portée encore plus forte, qui ne se comprend qu’en lien avec ce qui va se passer quelques instants plus tard, lorsque Jésus va anticiper ce qu’il vivra pendant sa Passion, le sacrifice total, le don de sa vie pour l’humanité tout entière : « Ceci est mon corps, donné pour vous » (Luc 22, 19).

Le lavement des pieds est le signe de l’amour qui vient rejoindre les Apôtres, qui les sanctifie et les rend dignes d’accomplir à la suite de Jésus son sacrifice suprême. Le premier commandement de Jésus, « Afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous », s’adresse aux Apôtres comme à tous les chrétiens, mais pour eux il se complète du second commandement, « Faites cela en mémoire de moi », qui est la mission que Jésus leur donne de renouveler son sacrifice, le sacrifice de Calvaire, de le renouveler de façon non sanglante, dans l’Eucharistie.

Le lavement des pieds est un préalable au sacerdoce, mais qui en exprime déjà le sens : il s’agit de donner sa vie ; aimer en vérité signifie donner sa vie. « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout », ce ne sont pas des paroles en l’air puisque Jésus a vraiment livré son corps sur la Croix.

Dans le lavement des pieds comme dans le sacerdoce, nous voyons l’abaissement de Dieu par Jésus pour nous rendre semblables à Lui et nous faire vivre de Lui.


Le lavement des pieds qu’accomplit Jésus éclaire donc le sens à la fois de l’Eucharistie et du sacerdoce, et révèle à la fois l’abaissement et la toute-puissance qui sont ceux de Jésus, et que doivent vivre ceux qu’il appelle à sa suite.

En ce jour où nous commémorons la dernière Cène, soyons dans l’action de grâce pour l’immense don que Jésus nous a fait, et prions-le pour que les chrétiens et les prêtres sachent le suivre en vérité sur le chemin qu’il nous a indiqué, « Afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».

 
 
 

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