DIMANCHE 14 SEPTEMBRE 2025 FÊTE DE LA CROIX GLORIEUSE lectures : Nombres 21, 4b-9 . Philippiens 2, 6-11 . Jean 3, 13-17

     Nous fêtons aujourd’hui la Sainte Croix, la Croix de Jésus. C’est une fête très ancienne dans l’Eglise, puisqu’elle remonte au IV° siècle, lorsque l’empereur Constantin et sa mère Sainte Hélène ont érigé une basilique sur le lieu même du Calvaire, pour y conserver et y vénérer le bois de la Croix sur laquelle Jésus est mort le Vendredi Saint.

     Cette fête s’appelle fête de la Croix Glorieuse, parce qu’il ne s’agit pas aujourd’hui, comme nous l’avons fait le Vendredi Saint, de contempler la passion et la mort de Jésus, mais de contempler son élévation dans la gloire de Dieu.

     La crucifixion de Jésus, c’est son abaissement suprême, mais c’est aussi la révélation suprême de ce qu’est l’amour de Dieu pour nous : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». Le dessein de Dieu sur l’humanité passe par la Croix, c’est par la Croix que Jésus vient rassembler les hommes pour les conduire à son Père. Jésus est élevé, élevé sur le bois du supplice et élevé dans la gloire ; l’heure de sa mort est en même temps l’heure de sa victoire sur la mort, et c’est son obéissance au Père qui nous vaut le salut.

     C’est ce que nous dit Saint Paul dans la seconde lecture : « il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse … ». A l’humiliation sur la Croix correspond l’élévation dans la gloire.

     La mort de Jésus sur la Croix, dans les conditions les plus abjectes, était un scandale pour les Juifs et pour les païens. Et pourtant elle était annoncée dans l’Ancien Testament, elle était préfigurée par le serpent de bronze élevé par Moïse au sommet d’un mât : « Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie ! ».

     Comme le serpent de bronze, Jésus élevé sur la Croix nous donne la vie : en triomphant de la mort, il rachète les péchés du monde et nous ouvre la vie éternelle. Voilà où est sa gloire.

     La mort de Jésus sur la Croix nous donne la vie. Nous venons d’entendre Saint Jean nous le dire : « De même que le serpent de bronzefut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle ». Nous y croyons, bien sûr, et nous le comprenons sans doute un peu ; mais cela nous dépasse quand même, cela dépasse notre intelligence, et de beaucoup. C’est un mystère ; c’est-à-dire que nous ne pourrons commencer à le comprendre, et progresser dans sa compréhension, qu’en l’adorant et en le contemplant. Et c’est pour cela que la fête d’aujourd’hui nous aide à contempler ce mystère de la Croix.

     En vénérant la Sainte Croix, nous adorons Dieu et nous le remercions de son amour qui est allé jusqu’à un tel point. Et aussi, comme les Hébreux, nous regardons vers Celui qui est élevé sur la Croix, afin d’obtenir de lui la vie, la vraie vie, la vie éternelle. Tout homme qui lève les yeux avec foi vers Jésus crucifié, qui croit à la doctrine de Jésus crucifié, parviendra avec lui à la vie bienheureuse auprès de Dieu – mais y parviendra en passant par la Croix.

     Parce qu’il y a la Croix de Jésus, mais il y a aussi nos croix à nous, celles que Dieu nous destine. Ces croix, nos croix à nous, lorsque nous les rencontrons, c’est alors qu’il faut lever les yeux vers Jésus, mettre dans nos cœurs les dispositions de Jésus, unir nos croix à la Croix de Jésus, pour mériter d’avoir part avec Jésus à son triomphe et à sa gloire.

     La Croix de Jésus, le mystère de la Croix, c’est donc en fait le mystère de l’amour de Dieu, de l’amour de Dieu qui « a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». Amen.