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DIMANCHE 6 JUILLET 2025 14° Dimanche du Temps Ordinaire Année C Homélie sur Luc 10 , 1 – 12 17 - 20 l’envoi en mission des soixante – douze disciples

Après avoir commencé à instruire ses disciples, Jésus en désigne soixante-douze, qu’il envoie en mission, deux par deux. Plus tard, avant l’Ascension, quand il aura achevé d’instruire ses Apôtres, il les enverra à nouveau en mission, plus solennellement cette fois-ci : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » (Mc 16,15).

La mission, l’évangélisation, voilà donc l’ordre de Jésus, un ordre qu’il n’adresse pas seulement aux Apôtres, mais plus largement à ses disciples. La Bonne Nouvelle du salut est destinée à tous les hommes, et la mission de l’annoncer n’est pas réservée à quelques spécialistes. Non, c’est à tous ses disciples, c’est à nous tous, que Jésus la confie. « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux », et Jésus demande à chaque chrétien de prendre sa part du devoir d’évangélisation qui appartient à toute l’Eglise.


Annoncer l’Evangile, qu’est-ce que cela signifie concrètement pour nous, chrétiens ordinaires ?


  1. D’abord, comme pour les premiers disciples, la première chose à faire, c’est de suivre Jésus et d’écouter son enseignement. C’est le préalable obligé, cela va de soi.

  2. Suivre Jésus, c’est avoir une vie de prière qui nous maintienne en contact avec Jésus, et nous efforcer de mener une vie conforme à l’exemple de Jésus.

    1. Ecouter son enseignement, c’est nous efforcer d’approfondir notre foi, de mieux la connaître et de mieux la comprendre, pour mieux en vivre ; c’est nous efforcer d’avoir un niveau de connaissances dans le domaine de la foi qui ne soit pas trop loin en arrière du niveau de nos connaissances dans les domaines profanes.


  3. Une fois que nous suivrons Jésus - à la mesure de nos moyens, bien sûr - notre mission de chrétiens sera d’annoncer Jésus là où nous sommes. A moins d’un appel intérieur particulier, c’est d’abord là où nous sommes, dans notre milieu de vie habituel, que nous allons annoncer l’Evangile.

  4. Notre première annonce de l’Evangile sera d’abord un témoignage muet : le témoignage de notre vie. Car si notre vie ne s’accorde pas avec notre foi, nous risquons fort de ne donner qu’un contre-témoignage. Notre témoignage muet peut déjà atteindre et toucher des personnes qui n’accepteraient pas un témoignage plus explicite. Ce témoignage de notre vie chrétienne, il a donc sa valeur, mais il n’est pourtant qu’une première étape. Parfois, c’est vrai, les circonstances feront qu’on ne pourra pas aller plus loin. Mais, dès que cela se révèle possible, on le complétera par l’annonce explicite de Jésus.

  5. Les quelques directives pratiques que donne Jésus nous indiquent dans quel esprit nous allons annoncer l’Evangile : « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin ». « Ni bourse, ni sac, ni sandales », cela signifie que les moyens matériels de l’apostolat, même s’ils ont un rôle à jouer, ne sont pas l’essentiel. « Ne saluez personne en chemin », cela signifie que notre personne non plus n’a pas beaucoup d’importance, et que la seule chose qui compte vraiment, c’est de nous effacer devant Jésus qui nous envoie.

  6. D’où vient le succès de la prédication des soixante-douze disciples, qui reviennent en déclarant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom » ? Leur succès ne vient pas d’eux-mêmes, il vient de l’union de leur cœur et de leur volonté à Jésus qui les a envoyés.

  7. Le pouvoir sur les démons qu’ont constaté les disciples, il a une réalité profonde, même quand on n’en fait pas l’expérience visible : il manifeste que là où Jésus est annoncé, les forces du mal reculent. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ » : cela signifie que réellement l’Evangile apporte la paix, que réellement l’Evangile arrache les hommes à la servitude du péché et du mal. Annoncer l’Evangile, c’est préparer la venue du Royaume de Dieu, et c’est en même temps travailler au progrès et à la libération de l’humanité.

  8. L’apôtre place sa confiance non pas dans sa propre activité mais en Jésus qui agit à travers lui. Et son détachement va plus loin encore : « Dans toute ville … où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : 'Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser' ». Cela signifie que peu importe le succès apparent de notre annonce de l’Evangile : puisque le succès vient de Jésus et ne vient pas de nous, nous n’avons pas à nous en soucier. La seule chose qui compte c’est d’être assez unis à Jésus pour laisser Jésus libre d’agir à travers nous.     

  9. Le succès visible de notre annonce de l’Evangile, ce serait d’amener des âmes à la foi, ou de faire grandir la foi dans les âmes. Cela, c’est important, et il faut le désirer et s’y employer.


    1. Mais notre témoignage, notre annonce de l’Evangile, ils peuvent aussi porter du fruit d’une autre façon, d’une façon réelle aussi mais moins apparente.

    2. Notre action peut contribuer à créer ou à développer autour de nous une atmosphère chrétienne, une ambiance où la foi puisse vivre, puisse naître et grandir. Il y a trop de secteurs de notre société où le milieu ambiant étouffe la foi, des secteurs entiers de notre société où l’Evangile est ignoré ou refusé, où les valeurs de l’Evangile sont bafouées. Comment un chrétien pourrait-il vivre sa foi dans de tels milieux ? Comment la foi pourrait-elle y germer et y grandir, ou même simplement y survivre ? Là où le milieu ambiant est toxique, notre mission de chrétiens est d’assainir l’atmosphère. C’est souvent la première chose à faire, avant même parfois de pouvoir envisager l’annonce explicite de l’Evangile.

  10. Assainir l’atmosphère, c’est une mission de salubrité. Elle est à remplir d’abord dans notre milieu de vie habituel, s’il en a besoin. Mais il y a aussi des domaines où cette mission de salubrité est particulièrement urgente, des domaines où il est particulièrement nécessaire que des voix chrétiennes se fassent entendre au milieu des voix païennes ou antireligieuses, parce que ce qui se fait dans ces domaines a une grande répercussion dans toute la société. Il est urgent, notamment, d’évangéliser le journalisme, la politique ou l’enseignement. Il est urgent d’évangéliser les immigrés. Insuffler une atmosphère chrétienne dans ces domaines, c’est non seulement préparer des conditions favorables à l’évangélisation, mais c’est aussi rendre service à la société et à tous nos concitoyens.

  11. Car là où l’Evangile est annoncé, les forces du mal reculent ; et même là où il n’est pas encore possible de l’annoncer explicitement, si l’action que nous menons est conforme à l’Evangile, les forces du mal reculeront aussi.

  12. Tout cela sera rarement facile, c’est sûr.

    1. Ce ne sera pas facile, d’abord parce que, en France, les croyants sont souvent complexés par plus d’un siècle de laïcité agressive, et nous avons parfois peur d’affirmer notre foi.

    2. Ce ne sera pas facile non plus parce que nous rencontrerons souvent l’incompréhension, et forcément aussi l’hostilité. Jésus nous l’annonce clairement : « Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ».

  13. Jésus est venu sauver tous les hommes, et tous les hommes ont le droit de recevoir la Bonne Nouvelle du salut … et nous, nous n’avons pas le droit de nous dérober quand il s’agit de la leur annoncer. Notre foi chrétienne ne sera pas véritable si elle n’a pas une dimension missionnaire.

  14. Jésus nous envoie en mission « comme des agneaux au milieu des loups » : voilà ce qu’est la condition de l’apôtre, voilà ce qu’est la condition du chrétien. Mais c’est Jésus qui nous envoie, et si notre cœur est uni à Jésus, c’est Jésus qui sera à l’œuvre à travers nous : alors, de quoi pourrions-nous nous inquiéter ?


 
 
 

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